Trompe-la-Mort – Balzac et l’opéra
Le mot de la présidente
Chers amis,
« Quel opéra qu’une cervelle d’homme ! », s’écrie le médecin français dans Massimilla Doni.
Il faut dire que l’élixir de Vendramin lui permet de parcourir le monde et de le métamorphoser à sa guise, comme Balzac, par son don de double vue, faisait comparaître l’univers entier devant le miroir concentrique de son esprit. L’opéra lui fournit une métaphore parfaite pour ces prouesses quasi magiques de l’imagination dont il est coutumier. L’opéra de Paris rend un juste hommage à son génie de la mise en scène avec le très beau Trompe-la-Mort de Luca Francesconi, mis en scène par Guy Cassiers, auquel nous consacrons ce numéro.
Ce n’est d’ailleurs pas la première adaptation opératique de La Comédie humaine. On connaît celle qu’a faite Leoncavallo de Séraphîta (voir L’Année balzacienne 2011). Michel Thiolat nous révèle deux tentatives d’adapter La peau de chagrin, celles du Français Charles Gaston Levadé et de l’Allemand Giselher Wolfgand Klebe. Yvon Gérault nous apprend que Debussy préparait un opéra d’après La grande Bretèche.
Mais Balzac est difficile à adapter, d’où l’inachèvement ou le peu de succès de ces tentatives. Le mérite de Luca Francesconi n’en est que plus grand. Andrea Del Lungo nous en le montre par une brillante analyse onomastique. Balzac introduit du mystère dans l’ordre administratif et s’avère le secrétaire occulte d’une état-civil mouvant, où chacun peut avoir de multiples identités, parallèles aux codes sociaux. Vautrin, ce Protée, dit Trompe-la-Mort, Jacques Collin, William Barker, emblématise le procédé. Éric Bordas, comparant l’opéra de 2017 avec Vautrin, la pièce de Balzac représentée pour la première fois au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 14 mars 1840 et interdite le lendemain, souligne de façon très convaincante le désavantage de cette pièce un peu pompeuse par rapport au romanesque tout dramatique et tellement cinématographique.
Enfin c’est sur la scène et au rez-de-chaussée des journaux que Balzac et Dumas se sont affrontés. Hervé Plagnol analyse finement leurs relations houleuses et met en évidence, malgré leur rivalité et leurs différences, l’importance de leurs rôles respectifs, si complémentaires dans la littérature romanesque de l’époque.
Bonnes vacances en notre compagnie !
Anne-Marie Baron
Voir également sur notre site lesamisdebalzac.org les déclarations d’intention de Luca Francesconi et l’interview de Laurent Naouri, interprète du rôle-titre.
Sommaire du N° 41
Le mot de la présidente, par Anne-Marie Baron, p . 2
BALZAC ET L’OPÉRA
- Charles Gaston Levadé et Giselher Wolfgand Klebe, adaptateurs de La peau de chagrin, par Michel Thiolat, 5
- Debussy inspiré par Balzac, par Yvon Gérault, p. 15
- Balzac et Rossini, extrait de Massimilla Doni, p. 17
TROMPE-LA-MORT
- Trompe-la-mort, ou la question de l’identité, par Andrea Del Lungo, p. 23
- Jacques Collin, héros dramatique, de Trompe-la-mort à Vautrin, par Éric Bordas, p. 28
ENTRE ROMAN ET THÉÂTRE
- Balzac et Alexandre Dumas, par Hervé Plagnol, p. 38
LES MUSÉES DE BALZAC
- Maison de Balzac : l’exposition sur Une passion dans le désert, prolongée, p. 49
- Musée de Balzac à Saché : Centenaire de la mort de Rodin, p. 50
Couverture : Vera Frankl, Man on wet pavement. Illustration pour l’affiche et le catalogue de Trompe-la-Mort, (Opéra de Paris, 2017). Millenium Images, UK.
Ont participé à ce numéro : Anne-Marie Baron, Eric Bordas, Andrea Del Lungo, Yvon Gérault, Hervé Plagnol, Michel Thiolat.
Publié par la Société des Amis d’Honoré de Balzac et de la Maison de Balzac
Administration : Maison de Balzac – 47 rue Raynouard 75016 Paris
Trimestriel – Juillet 2017 – Abonnement annuel : 34 euros
Prix de vente au numéro : 9 euros / numéros doubles: 14 euros
Directrice de la publication : Anne-Marie Baron
Rédacteur en chef : Hervé Plagnol
Couverture : Luc-Olivier Baschet
Dépôt légal 2005. ISSN 0249-6844. N° de Commission paritaire: 1216G91218
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